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Du 15 au 30 janvier prochain se tiendront les représentations de « La Faculté des rêves », nouvelle création du metteur en scène et directeur du Théâtre du Nord Christophe Rauck.
Inspirée par le roman de l’auteure suédoise Sara Stridsberg, cette histoire nous donne à voir les deux faces antagonistes de la société américaine des années 1960 à travers le parcours de la controversée Valerie Solanas.
À cette occasion, nous vous proposons de vous raconter l’univers de la pièce à venir sous le format d’un feuilleton hebdomadaire intitulé « FAC’story ». Chaque épisode de ce feuilleton sera consacré à une thématique essentielle de ce récit qui se déroule dans l’une des époques les plus bouillonnantes de notre Histoire.
« En tirant tu détruis toutes les possibilités d’avenir. Tu bousilles tout ce qui aurait dû être toi. »
LA FACULTÉ DES RÊVES
Mots-clés :
FEUILLETON / DESTINÉE / SCUM
Il est de ces moments qui, sans que l’on s’en rende compte de prime abord, sont historiques.
Non pas qu’ils fussent particulièrement grandioses ou qu’ils bouleversent l’ordre du monde établi jusqu’alors ; ce qu’ils ont d’historique, ils le doivent à leur symbole.
Il est de ces moments qui marquent l’épilogue d’une époque, sa décrépitude, son flétrissement inexorable. Des moments charnières, bruts et vifs, qui consacrent l’avènement de nouveaux mythes, de nouvelles idéologies et de nouveaux discours qui se substituent alors aux précédents et les effacent.
Au faîte de sa gloire, on ne peut toujours que redescendre.
Le 3 juin 1968 à New-York, l’artiste mondialement reconnu Andy Warhol est la cible d’une tentative d’assassinat.
Il est pris de court dans le hall de la Factory, le lupanar lui servant d’atelier de création et de lieu de socialisation.
Deux balles le ratent ; la troisième viendra se planter dans sa chair, perce d’un coup le poumon, la rate, l’estomac, le foie, et l’œsophage. Warhol supplie, pleurniche, implore, tant que son souffle le lui permet encore.
Celle qui vient de presser la détente, c’est Valerie Solanas, une connaissance de l’artiste.
La scène est rapide, fugace. Le bruit des détonations résonnedans toute la Factory, si ça n’est pas dans tout Greenwich Village.
Alors que les freaks qui assistent à la scène restent pantois sous le choc, Andy Warhol, icône d’une génération d’artistes d’avant-garde, s’effondre sur le sol.
Valerie Solanas le regarde chuter lentement. Ses tympans sifflent encore un peu. Elle l’ignore, mais elle vient de commettre l’acte le plus décisif de toute sa vie. Ce jour-là, la petite histoire vient de rejoindre la grande : pour Solanas, ce ne sont pas 15 minutes de gloire qui l’attendent, mais 20 années de descente aux enfers au cœur des prisons, des institutions psychiatriques et des hôtels miteux.
Le retour de bâton est redoutable lorsque l’on s’en prend au symbole de l’American Dream.
On ne peut pas réécrire le passé, mais on peut le mettre en scène.
Et si nous vous plantions le décor ?