accueil > Fac'Story - Épisode 1
Du 15 au 30 janvier prochain se tiendront les représentations de « La Faculté des rêves », nouvelle création du metteur en scène et directeur du Théâtre du Nord Christophe Rauck.
Inspirée par le roman de l’auteure suédoise Sara Stridsberg, cette histoire nous donne à voir les deux faces antagonistes de la société américaine des années 1960 à travers le parcours de la controversée Valerie Solanas.
À cette occasion, nous vous proposons de vous raconter l’univers de la pièce à venir sous le format d’un feuilleton hebdomadaire intitulé « FAC’story ». Chaque épisode de ce feuilleton sera consacré à une thématique essentielle de ce récit qui se déroule dans l’une des époques les plus bouillonnantes de notre Histoire.
"L'oubli correspond à New York"
LA FACULTÉ DES RÊVES
Mots-clés :
NEW YORK / GREENWICH VILLAGE / 70's / FASTE / MISÈRE
Le théâtre de l’acte enragé de Valerie Solanas, c’est la Factory. Nichée au sixième étage du 33 Union Square West, au sud de l’île de Manhattan, à New York.
L’atelier est idéalement placé : coincé entre les quartiers de Greenwich Village et d’East Village, le lieu est au carrefour de l’effervescence artistique de cette époque.
Greenwich Village est alors l’épicentre de la culture alternative et de l’art américain. Ses résidents sont des écrivains, des poètes, des artistes en tout genre et des étudiants qui y mènent une vie insouciante de bohème.
Certains des artistes parmi les plus visionnaires du siècle foulent le pavé du quartier : Jackson Pollock, Marcel Duchamp, Jack Kerouac, Bob Dylan sont de ceux-là.
Le « Village » est également un haut lieu du Mouvement de libération gay. Le Stonewall Inn, un bar, voit naître entre ses murs une série de manifestations pour les droits des personnes LGBT en réponse à la répression policière dont ceux-ci sont régulièrement les cibles.
Ensemble, Greenwich et East Village deviennent entre les années 50 et 70 le lieu de rendez-vous des contre-cultures branchées. Beatniks et hippies constituent la population excentrique et fêtarde de ce coin-là de la Grosse Pomme.
Loin du faste de la jeunesse libérée, un autre New York vit terré dans la fange des ruelles malfamées et des terrains vagues en chantier. Une frange particulièrement précaire des habitants subit de plein fouet la récession économique et l’inflation. Dans la vie, il ne peut y avoir de gagnants sans qu’il y ait nécessairement des perdants.
Lâchée par L’État fédéral, la municipalité coupe dans les subventions publiques et abandonne de nombreuses infrastructures.
La désindustrialisation des usines, au profit du New Jersey voisin, plombe la vitalité économique de la ville.
La criminalité augmente, entraînant avec elle nombre de désordres sociaux.
Le trafic de drogue saigne la ville, quartier par quartier.
Des émeutes éclatent en plein Harlem, guidées par la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains.
Les spectacles époustouflants de Broadway ne mettent pas en scène cette facette de la ville.
Personne ne voudrait débourser un dollar pour la voir de toute façon.
New York est indéniablement une ville paradoxale, comme nulle autre avant elle. Il y règne une cynique dualité entre les nantis et les indigents, ceux qui ont eu de la chance et ceux qui ont eu la poisse.
C’est ici, dans la fiévreuse jungle urbaine de New York que Valerie Solanas commet son coup d’éclat, celui-là même qui sonnera le glas de sa vie mondaine dans les cénacles arty du gourou Warhol ; cette femme, qui avait ses entrées à la Factory fut un temps, finira ses jours à la rue, bien loin de Greenwich Village et de la révolution artistique qui s’y produisait.