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Une ligne de vie

 

Édito

Avant tout, vous écrire que vous êtes les bienvenu·e·s au Théâtre du Nord, que ce lieu est le vôtre, public, vivant, ouvert.

 

Vous remercier pour avoir été nombreux et nombreuses dans les salles dès la réouverture du Théâtre et pour avoir si chaleureusement accueilli la première saison qu’avec mon équipe nous vous proposions.

 

Le Théâtre du Nord a à cœur de vous proposer des créations qui représentent notre monde, qui nous permettent, pour un temps, de le mettre à distance, afin de mieux penser nos propres vies et parfois en infléchir le cours. Cette saison, nous invitons des artistes, hommes et femmes à égalité, de toutes origines, qui sont le reflet de la vitalité artistique de la région, du pays et par-delà nos frontières. Ils et elles nous émeuvent, nous font réfléchir, ouvrent grand nos horizons et nous permettent de reconnaître en l’autre un frère ou une sœur.

 

Cette saison peut se lire à l’échelle d’une vie humaine allant de nos origines à travers de grands récits fondateurs (Antigone, Penthésilé·e·s ou La Trilogie des contes immoraux…) ; à notre enfance (Ma couleur préférée, Pépé Chat, Scoooootch !, Silent Legacy…) ; en traitant de nos vies de jeunes adultes à la découverte du monde (Tenir debout, Vertige (2001-2021), Les Forteresses, Illusions perdues, Baal…) ; puis d’adultes en prise avec le travail et les engagements politiques (The Interrogation, Showgirl, Autophagies, Gardien Party…) ; jusque nos fin de vies (Les Gardiennes, Un siècle mais aussi Dom Juan…) et enfin abordant ce qui restera de nos vies après que nous serons parti·e·s (Un Sacre, Dark Was the Night…).

 

Une saison engagée qui verra défiler une série de portraits de guerrières d’hier et d’aujourd’hui. Une saison pensée comme un manifeste anticlassiste, anti-raciste. Une saison qui s’attaque frontalement autant à la haine de l’autre qu’au repli sur soi. Une saison qui place nos vies au cœur de celles des autres et clame haut et fort le besoin de solidarité.

 

Cela fait 75 ans que le service public de la culture oeuvre à sa démocratisation. Nous faisons notre part. Nous connaissons les empêchements nombreux à participer à l’édifice d’une culture commune, ils sont physiques, psychologiques, géographiques, sociaux, linguistiques ou liés à l’âge, à une situation de handicap, aux origines… Nous nous engageons à tout mettre en oeuvre pour les réduire, en travaillant sur l’accessibilité des spectacles et de nos activités, la parité et le respect de la diversité dans la programmation comme dans le partage des moyens de production. Il s’agit d’inclusion, donc d’égalité, de respect du peuple et de ses droits culturels.

 

Aux côtés de la ville de Lille et de celle de Tourcoing, de la Région et des services de l’État mais aussi des autres structures culturelles du territoire, nous inventons la possibilité d’une éducation populaire à l’art et à la pratique d’une culture commune tout au long de la vie.

 

Avec les écoles, collèges et lycées du territoire, avec l’enseignement supérieur, les conservatoires, les associations, nous accompagnons les jeunes générations, nous les invitons à entendre, lire, écrire, écouter, se parler, se voir, se considérer, se reconnaître.

 

Car il y a urgence, une urgence en matière de politique culturelle, de politique tout court : celle de la jeunesse. Cette jeunesse née quand les tours tombaient. Jeunesse privée du sentiment de sécurité. Jeunesse qui n’a connu de ce début de IIIe millénaire que peurs, rejets, montée des conservatismes, des intégrismes, attentats, pandémie, privations de libertés, angoisse climatique, guerres, aujourd’hui aux portes de l’Europe… Jeunesse qui assiste à l’érosion du « plus jamais ça » que l’on pensait pourtant d’acier. Jeunesse précarisée et pourtant surprenante dans son degré de conscience du monde et dans la créative fluidité de sa propre identité. Jeunesse à qui nous devons offrir des modèles positifs, une communauté respectueuse, des chemins d’avenirs possibles et les moyens de sa propre émancipation (y compris de nousmêmes), d’écriture de son propre récit.

 

Au Théâtre du Nord, un tiers du public a moins de 30 ans. Cela nous honore et nous oblige.

 

Conclure sur l’École du Nord où se forment de jeunes artistes qui seront les visages nouveaux et les esprits libres du théâtre, de l’audiovisuel, de la littérature et du cinéma de demain. Nous ne pouvons que vous inviter à suivre cette créativité vitale et cette force collective du Studio 7 lors des présentations publiques.

 

Toute notre vie dans une saison théâtrale et la place belle pour les vies à venir.

 


DAVID BOBÉE

 

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