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Note d'intention

PENTHESILÉ.E.S, texte Marie Dilasser et mise en scène Laëtitia Guédon

La reine-pharaonne Hatshepsout, Anne Boleyn, Elizabeth 1er, Margaret Thatcher, Angela Merkel... la liste pourrait être longue des femmes qui ont été dans leur vie, avec plus ou moins de succès, aux prises avec le pouvoir. Qu’elles l’aient choisi, qu’elles soient attirées par lui, qu’il leur soit assigné, toutes ont dû mener un combat pour l’exercer, le conserver, s’en défaire ou l’obtenir.

 

Penthésilée est la reine des Amazones. Cette tribu guerrière n’admet pas les hommes chez elle ou ne s’en sert que lorsque de nouvelles naissances sont nécessaires.

Penthésilée est une figure de la guerre de Troie. Penthésilée, la reine, l’Amazone, est un mythe.

 

Avec la pièce Penthésilé.e.s/Amazonomachie, je veux parler du pouvoir et de la relation complexe que les femmes entretiennent avec lui.

Avec cette pièce, je veux aussi parler de la puissance et des espaces de révélations qu’elle offre aux femmes : héroïnes ou simples mortelles.

 

Penthésilé.e.s/Amazonomachie est un spectacle indiscipliné qui mêlera le théâtre, la danse, la musique/le chant, et la vidéo.

 

Ce spectacle se développe en deux temps, deux parties. Il est séparé, fracturé, coupé en deux. À l’image de Penthésilée, qui doit sans cesse, au-delà de son amour pour Achille, trancher, prendre des décisions impossibles.

 

Tout commence à la mort de Penthésilée. À la chute de l’héroïne.

 

Dans la première partie, dans cet « entre-deux mondes », nous la retrouvons face à sa toute puissance et à sa fragilité, à la nécessité de dévoiler sa propre version des faits. La question du pouvoir y est traitée par l’intime, le mystère. On la voit peu, on l’entend surtout, on la devine. Elle s’effondre, elle entre en transe, elle se tait, elle profère, se tait encore. Elle évolue dans un espace réservé aux femmes, dans lequel les plus grands secrets se révèlent, de façon presque magique : un hammam/sanctuaire.

 

Ici nous en garderons le brouillard, tour à tour gynécée improbable ou champ de bataille... Nous en garderons l’odeur peut-être, le mystère c’est certain...

 

Dans la deuxième partie, la brume se dissipe pour laisser place à une Penthésilée, une reine des Amazones, qui évolue dans un espace de révélation. Femme exerçant sa puissance, elle a pour point commun, avec les figures citées plus haut, d’être exposée.

 

Être exposée, exercer le pouvoir, à très grande échelle, c’est aussi faire face au masculin. À son masculin. Il faut observer les coupes de cheveux qui raccourcissent dès qu’on préside un pays, ou une grande institution. Les mâchoires qui s’intensifient lors de discours politiques, les épaules qui s’élargissent à mesure que le poids social ou professionnel accroît. Penthésilé.e.s est plurielle : tantôt guerrière insatiable de violence et mots, tantôt corps métamorphosé mifemme mi-homme mi-animal, tantôt demi-déesse au langage vocal insondable soutenue par le chœur…

 

Le texte de Marie Dilasser s’apparente au livret d’un opéra dont nous aurions à inventer la partition musicale, sonore, chorégraphique.

 

Ce spectacle polymorphe prend sa source dans un mythe très ancien pour révéler une actualité brûlante : celle d’un monde en évolution où les femmes tentent de prendre une nouvelle place.

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