Cette histoire collective donne la parole à de nombreux témoins d’aujourd’hui. Elle explore le phénomène de gel des sentiments. Le froid a une qualité très dure : s’attarder dans le corps pendant des années. Se réchauffer sous la douche ne suffit pas : le froid résiste au réchauffement extérieur, il peut pénétrer encore plus profondément. Mais le froid a une autre qualité : il crée la stagnation.

Là où l’énergie ne circule plus, rien ne se passe. Et que faire après une hypothermie? Est-il possible de retrouver chaleur et amour, ou cette voie est-elle effacée à jamais? Et que se passe-t-il si l’Antarctique, même s’il est interne, commence à fondre? Que faire du traumatisme du peuple russe, quand le présent et l’avenir sont gelés ? Peut-on sauver une nation entière ? L’amour peut-il la faire dégeler? Et que dire de l’Europe où les nationalismes gèlent les cœurs et ferment les frontières ?

Travailler avec le son pour nous est très important. Nous vivons dans un pays où le gel atteint -40 ° C et l’hiver dure 6 mois. Nous savons très bien comment sonne l’air glacé, comment il peut détruire tout ce qui est humain, mais en même temps, nous vivons dans une ville construite par des prisonniers du Goulag, nous savons comment résister au pergélisol. Nous savons comment garder un sentiment de tendresse éphémère, qui s’estompe et qui a confiance en un autre.