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Note d'intention de Léa Chanceaulme

À propos

« L’étrangeté de ce que tu n’es plus ou ne possèdes plus t’attend au passage dans les lieux étrangers et jamais possédés. »  Les Villes invisibles, Italo Calvino.

 

Qui ne s’est pas imaginé un jour tout plaquer, tout laisser là, pour se rendre dans un espace plus accueillant, un espace qui lui ressemble ?

La pièce Et on est toutes parties est née d’une envie d’écrire des personnages féminins qui, se transformant, nous offrent la possibilité de nous transformer nous-mêmes.

C’est l’histoire d’une conquête, d’une sortie de route, d’une prise de distance pour mieux sentir qui nous sommes et ce qui nous anime.

Kevin Keiss et moi avons eu envie d’écrire l’histoire de femmes qui sortent du monde connu, où elles sont assignées à une place, pour les faire entrer dans un monde inconnu, vierge, qui s’ouvre à elles, et a attrait aux sensations. Nous avons eu envie d’écrire ce monde de la zone comme un stop à la compétitivité, qui n’offre rien d’autre aux personnages que du temps. Du temps pour marcher, pour s’endormir, se réveiller, s’éveiller, se réinventer. Nous avons souhaité dans cette traversée, donner à ces femmes le temps de se rendre compte qu’elles ne sont peut-être pas celles qu’elles croyaient. Parmi elles, des hommes faisant partie de leur vie et qu’elles quittent successivement, pour croiser la route d’un garde-frontière, appelant à lui une grande épopée qui s’ignore encore. Celui-ci sera impitoyable face au désir de liberté de ces femmes, et se retrouvera finalement embarqué malgré lui dans ce road trip « à pied ». Le même acteur jouera tous les rôles, s’additionnant pour créer un seul et même parcours.

Pour raconter cette histoire et faire entendre le désir de se libérer de nos propres carcans, j’aurai une grande joie à agencer les éléments de mise en scène tels que le jeu volcanique et sensible des acteurs, les états de corps allant du plus normé au plus provocant, les différents statuts de parole au spectateur, la musique en live interprétée par le comédien, comme le cœur battant du récit. En faisant part scéniquement du paysage intérieur des personnages et de ce qui se met à revivre chez chacun d’eux, qui se remet « en couleur », j’espère toucher l’âme sensible du spectateur.

 

Léa Chanceaulme