Nous les côtoyons tous les jours. Souvent ils sont ivres et peinent à mendier. Ils sentent mauvais, vocifèrent et font peur. Nos regards se détournent. Qui sont ces marginaux aux visages ravagés ? Ce sont les clochards. Victimes de la société et de ses lois.

Sur scène, un bateau s’est échoué sur une plage. Un homme sort d’une tente de survie, prend un micro et parle. Brisé, viscéralement humain, il se raconte. Les mots sont ceux de Patrick Declerck. Il a accompagné quinze années durant les clochards de Paris, de la rue au centre d’hébergement d’urgence de Nanterre. Incognito, en immersion complète. Il a raconté cette folle aventure humaine dans un livre qu’Emmanuel Meirieu porte magistralement au plateau. « J’ai voulu pour ces hommes fracassés, sans paroles, sans histoires, sans traces, ériger une sorte de monument. Un mémorial qui leur ressemble un peu. Un peu de travers donc. D’un goût douteux parfois. Quelques pierres sans plus. Presque ruines. »

Avec Les Naufragés, Emmanuel Meirieu nous donne à écouter le témoignage d’un homme parti vivre avec les oubliés, les indigents. Des mots qui ne peuvent nous laisser indifférent·e·s.

RENCONTRE

"Ce que la vie t'a abîmé, quand même"

Les conditions sociales de la participation politique

Vendredi 1 avril, de 18h30 à 19h30

Dans le cadre du 13e printemps des SHS. Avec Estelle Ferrarese, professeure de philosophie morale et politique et Emmanuel Meirieu metteur en scène.

« Ce que la vie t’a abîmé, quand même »… Que signifie cette phrase, extraite du livre de Patrick Declerck : Les Naufragés, avec les clochards de Paris ? La démocratie est bien une question de droits, mais que deviennent-ils face à la déchéance physique et psychique de ces individus ? Comment penser ces droits non seulement comme des garanties plus ou moins formelles, des facultés offertes, mais plus fondamentalement comme ce qui est menacé quand la vie « abîme » ? En quoi la vie qui s'acharne peut-elle, doit-elle, être appréhendée comme un empêchement de la démocratie ? En quoi l'infinie lourdeur du corps (malade, survisible, malodorant, fatigué, mutilé....) pèse-t-elle sur la possibilité pour ces individus de participer, c'est-à-dire de « prendre-part » à la vie sociale et politique au sens large ?

Estelle Ferrarese est professeure de philosophie morale et politique à l’Université de Picardie Jules Verne. Ses travaux portent sur la Théorie critique de l’École de Francfort, les philosophies féministes, la participation politique, les formes de vie et la vulnérabilité.

Emmanuel Meirieu est acteur, metteur en scène, auteur/adaptateur. Il dirige la compagnie de théâtre Le Bloc Opératoire. Il est artiste associé à la Comédie de Colmar - centre dramatique national d'Alsace.

En partenariat avec la Maison Européenne des Sciences de L'Homme et de la Société