accueil > l'École > LES PROMOS > promo 6 > les ateliers > En route pour la Russie
En route pour la Russie et son théâtre, sa grande et tragique histoire dont les fantômes peuplent encore le GITIS
Les élèves de l’École du Nord partent dans quelques jours au GITIS travailler des scènes de Platonov d’Anton Tchekhov avec des élèves-metteurs en scène russes et des élèves-comédiens, leurs collègues. Certains ont commencé à apprendre le russe, d’autres exercent leur connaissance toute neuve du cyrillique pour déchiffrer les textes russes sur les images que je leur projette.
Trois jours de marathon dans l’histoire du théâtre russe, de Constantin Stanislavski et Vsevolod Meyerhold à aujourd’hui.
On ne peut bien sûr tout embrasser dans cette promenade documentée, d’autant plus que les élèves posent beaucoup de questions et qu’il faut y répondre : cela fait partie de la préparation à ce grand voyage — voyage dans l’espace géographique, vers l’immensité du territoire russe, dans son espace politique, et voyage dans une autre culture théâtrale : théâtre de répertoire, mouvement scénique, rapports avec public, existence de musées de théâtre, etc.
On a commencé avec Anton Tchekhov, et La Mouette du Théâtre d’art de Moscou, où Meyerhold joue Treplev, le jeune homme qui cherche des formes nouvelles — rôle qu’il considèrera comme son préféré dans sa carrière d’acteur et qui le mènera à la mise en scène. Ce sont les notes de Meyerhold qui enregistre les critiques de Tchekhov contre les décisions de Stanislavski et Nemirovitch-Dantchenko aux premières répétitions de La Mouette, en 1898, qui vont l’entraîner dans une autre voie.
Entre les deux grandes perspectives, celle du jeu psychologique dans un décor réaliste, et celle du « théâtre de la convention », plus tard nommé « réalisme musical », dans un environnement suggestif ou une « construction », une « machine à jouer » au service des corps des acteurs, le théâtre russe, « théâtre d’ensemble », va osciller, composer, brûler d’intensité — souvent empêché par la censure.
L’assassinat de Meyerhold, metteur en scène engagé dans la révolution de 1917, mais considéré comme « ennemi du peuple » sous Staline était au centre d’une grande exposition sur l’histoire de la scène russe qui vient de s’achever à Moscou, et dont le fil rouge était la lutte que le théâtre russe mène depuis ses débuts pour la liberté et contre la censure. Il a fait l’objet d’une discussion.
Beaucoup d’informations donc sur les différentes tendances, sur les metteurs en scène et leurs troupes, sur les écoles d’hier à aujourd’hui. Une première immersion dans cette culture complétée par le film qui passait alors au Métropole de Lille : Une grande fille de Kantemir Balagov (Prix de la mise en scène à Cannes, « Un certain regard » ), élève de 27 ans, sorti de l’école crée hors de Moscou par le réalisateur Alexandr Sokourov ; l’une des actrices de ce film sort du GITIS et a fait partie d’un précédent échange avec l’École du Nord.
Béatrice Picon Vallin
Atelier mené du 20 au 22 janvier 2019