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Les élèves de la promotion 4 ont travaillé un atelier d’interprétation sur Macbeth durant cinq semaines sous la direction de Stuart Seide. Ce travail donnera lieu à deux présentations publiques dans la grande salle du Théâtre du Nord à Lille.
Macbeth, c’est la tragédie d’un homme, d’un couple, d’un pays. L’œuvre a une dimension épique, politique et une dimension intime, intérieure.
Oscar Wilde dit qu’il y a deux grandes tragédies dans la vie. La première est de ne pas pouvoir obtenir ce qu’on désire le plus au monde. La seconde est d’obtenir ce qu’on désire le plus au monde. Pour obtenir la couronne, ce qu’il désire le plus au monde, Macbeth doit tuer. Il obtient la couronne, mais il ne dort plus. Il ne dormait pas parce qu’il n’était pas roi. Il ne dort plus parce qu’il est roi et qu’il veut le rester. C’est très simple.
La difficulté de Shakespeare c’est que c’est simple. Pas facile, mais simple. La difficulté réside dans le fait de jouer le premier degré : comment jouer ce qui est dit, uniquement ce qui est dit. On dit ce qu’on pense et on pense ce qu’on dit, toujours. Il n’y a pas de pensée muette, on affirme tout. Les situations sont simples, chaque instant joué est simple. L’effet global est un tourbillon de sens, d’une étonnante complexité ! Cette matière textuelle offre aux élèves la possibilité de s’étirer, d’aller vers quelque chose où ils n’ont pas l’habitude d’aller.
Quand on joue Shakespeare, il y a toujours une adresse. On parle à quelqu’un ou à quelque chose. On parle à la nuit, on parle aux pierres, à son cœur, à l’Ecosse… La poésie de Shakespeare réside dans les images. Dans la précision des images. Dans son travail, l’acteur doit voir et donner à voir des images. Je tenais à ce que les élèves se mesurent à cette matière et à ce que chacun ait une belle partition. C’est la raison pour laquelle j’ai découpé l’œuvre en sept séquences, avec sept distributions différentes. Quand on dirige un atelier, en tant que metteur en scène, on est au service des élèves. Jouer Shakespeare est un acte pédagogique nécessaire.
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Extraits d’un entretien avec Stuart Seide, directeur du Théâtre du Nord et de l’Epsad.
Est-ce un poignard que je vois devant moi,
Le manche vers ma main ? Viens, que je t'empoigne.
Je ne te tiens pas et pourtant je te vois toujours.
N'es-tu pas, vision fatale, sensible
Au toucher comme à la vue ? Ou n'es-tu
Qu'un poignard de l'esprit, une création mensongère
Engendrée d'un cerveau oppressé par la fièvre ?
Je te vois toujours, sous une forme aussi palpable
Que celui qu'à présent je tire.
Tu me montres le chemin que j'allais prendre
Et l'instrument même dont j'allais me servir.
Mes yeux sont les jouets de mes autres sens
Ou ils les valent tous. Je te vois encore,
Et sur ta lame et ta poignée des gouttes de sang
Qui n'étaient pas là tout à l'heure. Rien de cela n'existe.
C'est cette affaire sanglante qui prend forme
Ainsi devant mes yeux.
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Macbeth, acte 2. Traduction Stuart Seide.
Atelier dirigé par