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« C’est quoi ta couleur préférée ? » Voilà une question que les grands ne se posent plus. Ils se demandent plutôt « tu fais quoi dans la vie ? » Dans les cours de récréation de maternelles et de primaires, c’est une question qu’on se pose encore avec le plus grand intérêt. La réponse qu’on y apporte est déterminante : elle indique le consensus ou l’anticonformisme.
La couleur est donc une merveilleuse entrée pour s’adresser aux enfants : à partir de cette expérience quotidienne - présente dans les travaux manuels, les choix vestimentaires, la scolarité, la signalétique, etc. – peuvent se dessiner des réflexions sur la subjectivité des goûts et des opinions, l’influence d’une culture, l’originalité d’une création…
Il s’agira d’un spectacle grand format pour petits humains.
Il ne s’inspire pas d’un conte, il ne se base pas sur un sujet sociétal, il s’adresse aux enfants en partant de la sensation et de la perception : celle des couleurs. A partir d’elles se déploieront des situations, des récits, des réflexions.
A rebours d’une importante part des productions jeune public à l’esthétique minimaliste, le dispositif scénique recherchera le spectaculaire afin que cette première expérience du théâtre soit une expérience sensorielle forte. Les spectateurs seront plongés dans l’arc en ciel, les nuanciers, les œuvres d’art…
La scénographie servira essentiellement de support au travail de la lumière et à la projection vidéo pour composer un univers immersif. Dans ce qui figurera comme un musée imaginaire, un garçon et une fille vont parler des couleurs, de ce qu’elles leur évoquent ou leur signifient. Cet échange sera l’occasion d’aborder l’histoire des couleurs : leurs origines, leur utilisation dans l’histoire et le monde et les significations qui leur ont ainsi été attribuées. En partant de l’expérience sensorielle et des émotions qu’elle procure, la conversation pourra alors s’ouvrir à des questions d’esthétique, de symbolique, de culture, de croyance…
Ainsi avec le bleu, nous pourrons parler d’histoire : comment cette couleur a été perçue à travers les siècles, quelle symbolique elle a revêtu, quelle importance elle a eue dans l’histoire de la peinture à travers Picasso, Klein ou Miro…
Le rose sera l’occasion d’interroger les enfants, avec des mots simples et des idées claires, sur les assignations liées au genre que l’on soit un garçon ou une fille. Le violet, mélange du rose et du bleu s’amusera de la fin de la binarité et célèbrera l’égalité.
Le chapitre sur le vert abordera des questions écologiques et parleront du monde dont ils et elles seront les héritiers. Ici il sera aussi question de la photographie.
Le chapitre sur le noir parlera du Caravage, de Soulage, d’Anish Kapor mais aussi de la peur. De la peur de l’obscurité à celle de l’inconnu, et de la peur de l’autre au racisme.
Le noir sera opposé au blanc, si le noir fait aussi naître le théâtre ou le cinéma, fait naître la lumière, le blanc, lui, sera le support à partir du quel parler d’art visuel et des artistes contemporains. Et pourquoi pas, de performance.
Et il faudra aussi traverser le jaune, le rouge, l’orangé… et garder une place pour toutes ces nuances au nom poétique comme l’aigue marine, le bouton d’or, le terre de sienne, le framboise écrasé, la coquille d’œuf, le poil de chameau, le sépia, le zinzolin…
Le spectre est infini et cette plongée dans l’arc en ciel doit offrir la possibilité aux jeunes spectateurs de transformer des émotions en pensées, des sensations en analyses, des découvertes en connaissances et ces connaissances en récit. Voilà l’ambition du projet : accompagner les plus petits sur le chemin qui mène de la perception, de l’impression, au recul critique. C’est le chemin qu’emprunte tout spectateur de théâtre, c’est le chemin que devrait apprendre tout citoyen. Ce spectacle cherchera à stimuler l’analyse critique de son public constitué d’adultes en devenir.