Quelques jours avant la première du spectacle Les Chats au Théâtre du Nord, Marlène Saldana et Jonathan Drillet nous plongent dans une comédie musicale décalée où une communauté de chats s’interroge sur les humains. Entre comédie musicale, fable, ballet et kabuki, ce spectacle explore, avec humour et profondeur, les enjeux de la vie collective et du futur.
Ronan Ynard : Marlène, Jonathan, ça fait deux semaines que vous êtes en résidence au Théâtre du Nord pour la création du spectacle Les Chats, un spectacle dont le Théâtre du Nord est coproducteur. La première est dans une semaine, comment allez-vous ?
Marlène Saldana : La première est dans quelques jours mais le projet évolue encore, c’est la dernière ligne droite. Au départ on imaginait les personnages comme étant des danseurs de Broadway déguisés en chats, désormais ce sont plutôt des chats qui aiment les comédies musicales.
Jonathan Drillet : C'est une communauté de dix chats qui réfléchissent sur le monde, et plus particulièrement sur l’autre espèce avec laquelle ils vivent, les êtres humains.
R. : Ça c'est un point commun dans toutes les créations que vous avez faites ensemble. Il y a une volonté de prendre un peu du recul sur la société et de regarder d'un autre point de vue que celui des humains.
M. : Oui. On a beaucoup utilisé les animaux, dans le style des fables, comme chez La Fontaine. Mais ici, ce sont des animaux qui ne vivent pas à l’état sauvage, ils sont au cœur de la société, dans un endroit très précis, avec une maman très précise aussi, dont on ne peut pas dévoiler l’identité.
J. : Avant les chats, on s'était intéressé aux alligators, aux castors, et on a joué nous-mêmes beaucoup de vaches. Mais c'est la première fois qu'on s'intéresse aux chats. La différence est que nous vivons avec des chats nous-mêmes, alors qu'on ne vit pas avec des crocodiles et des castors, c’est une relation inter-espèce plus forte.
R. : Parlez-nous un peu du décor. Qu'est-ce qu'on peut dire sans trop le dévoiler ?
M. : C'est une scénographie du sculpteur et metteur en scène Théo Mercier. C'est la première fois qu'il fait une scénographie pour le projet d’autres artistes. La collaboration a été très intéressante parce que ce qu’il nous a proposé n’est pas du tout ce qu'on imaginait. On pensait à un espace saturé, très sale, plus similaire à la décharge de la comédie musicale Cats. Théo nous a proposé l'inverse, quelque chose de très graphique, très propre. Forcément, ça a changé la manière dont on a écrit la pièce.
J. : Et c’est la même chose pour la musique. C'est la première fois qu'on travaille avec Laurent Durupt, qui est pianiste et compositeur. Pour notre dernière pièce, Showgirl, qu'on avait d’ailleurs présentée au Théâtre du Nord, on avait travaillé avec Rebeka Warrior, avec de la techno. Là, c'est autre chose, c’est une comédie musicale assez expérimentale, disons.
R. : À vous entendre j’ai l’impression que le projet s’est épuré à l’épreuve du plateau et en travaillant avec les autres créateurs et créatrices ?
J. : C'est vrai que c'est un projet très collectif, c’est une composition des propositions de Jean-Biche, de Théo, de Laurent.
M. : Les trois ont vraiment travaillé ensemble, et ça n'a pas éteint les univers des uns des autres, on a réussi à trouver un équilibre. Les personnalités ressortent fortement, mais elles cohabitent. C'est l’idée de la pièce aussi. Comment fait-on quand on n'est pas tous·tes d’accord pour vivre ensemble ? Il faut bien trouver des solutions.
J. : Parce que ce sont des chats très politisés et qui réfléchissent beaucoup.
M : Le spectacle n'est pas dystopique, mais ce n'est pas une utopie non plus. C’est plutôt un état des lieux, avec un objectif : comment imaginer un futur désirable ?
Interview réalisée le 30 octobre 2024.
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