accueil > "tout est raconté en dansant par deux de mes acteurs historiques"
« Le désir de ne pas oublier. C’est mon exercice de mémoire pour garder en vie ceux qui ne sont plus en vie. Et après tout, le théâtre ne fait que re-proposer des histoires à retenir ».
Pourquoi l’histoire des deux protagonistes de votre Tango mérite-t-elle d’être rappelée ?
« Parce qu’ils sont deux témoins d’une utopie. Ils ont juré d’être ensemble pour toujours et ils l’ont fait. Et leur banalité aujourd’hui est extraordinaire ».
Il n’y a plus d’amours pour toujours ?
« Je n’exalte pas l’institution du mariage. L’amour subit des mutations et des changements. Ce qui me fascine dans des couples comme celui-ci, c’est la fidélité à une promesse et la capacité à transformer la passion en alliance ».
La narration va à l’envers : quels moments a-t-il dépeints ?
« Le ventre, le fils, la télé qui prend possession de l’intimité, les crises. Peu de mots, tout est raconté en dansant par deux de mes acteurs historiques, Manuela Lo Sicco et Sabino Civilleri qui sont aussi en couple dans la vraie vie ».
Quelles chansons a-t-il choisi ?
« Même la musique va à l’envers. Nous avons E se domani de Mina, Tenco, Morandi, Il Ballo del brick de Rita Pavone, I Watussi, le Quartetto Cetra jusqu’à Nilla Pizzi, le Tango delle Capinere qui accompagne leur premier baiser au bord de la mer et la demande en mariage. Une chanson adorée par ma grand-mère.
Un siècle raconté par les acteurs eux-mêmes ?
« Au début, ils portent un masque. Qui disparaît quand ils commencent à rajeunir et à se souvenir des moments de joie et de douleur ».
Alors que Tango fait ses débuts, elle travaille déjà à La Scala, avec Rusalka de Dvořák. Qu’est-ce qui vous a frappé chez cette femme ?
« Et comment résister à une Petite Sirène ? C’est un esprit aquatique des lacs et des rivières qui perd sa queue par amour. Pour qu’on s’en souvienne, les femmes doivent toujours faire des gestes extrêmes ».
Des canards qui pondent des œufs d’or et se retrouvent reines, des religieuses carmélites qui finissent à la potence, des prostituées qui décident d’élever un orphelin et des bonnets noirs, ceux du tango dansés par une femme âgée qui rêve d’amour. Et voici une nouvelle direction sur une héroïne.
« Je suis maintenant la réalisatrice qui raconte des histoires de femmes. Je déteste les généralisations, mais c’est vraiment le cas. L’univers féminin m’offre un monde d’idées, l’univers masculin un peu moins ».