accueil > à propos
« C’est un dialogue avec Chantal que j’ai voulu imaginer. Chantal dans “Saute ma ville”. J’ai voulu jouer avec elle, avec ses gestes, avec ses silences, avec ses gestes burlesques et graves. Avec ses danses, avec ses angoisses. Avec ses ritournelles. La suivre, la surprendre, me surprendre à chaque fois. Cela commencerait par le violoncelle seul. Bartók. Deux mouvements de sa dernière œuvre, composée en 1944. Sa sonate pour violon seul, transcrite ici pour violoncelle. D’une énergie foudroyante. Succession de couleurs, de danses, de virtuosité, de thèmes populaires, de chants profonds. Puis, quand se termine le mouvement Melodia, une voix enfantine se fait entendre. Qui chante doucement puis de plus en plus fort. C’est celle de Chantal montant les escaliers en trombe, et en chantant. C’est Saute ma ville. Après l’explosion, le film se termine, la voix enfantine reprend la
ritournelle du début, et moi je joue une prière.
Et puis le livre de Chantal Une famille à Bruxelles est venu se glisser entre les notes et les images, doucement.
Et puis Aurore est venue. Aurore, c’est Aurore Clément. En 1999, Aurore et Chantal font ensemble une lecture du livre Une famille à Bruxelles. Chantal a laissé à Aurore ce livre, ce jour-là, ce livre griffé de ses ponctuations de lecture. Dans un coin il y a Aurore, assise à une table, qui lit Une famille à Bruxelles. On peut s’asseoir près d’elle, rester debout, comme veut, pour l’écouter. Dans un autre coin du même espace, il y a un écran et moi à côté qui dialogue avec Saute ma ville, le film. Et comme ce sont des boucles à l’infini, aussi bien l’une que l’autre, on avance chacune, en s’interrompant pour écouter l’autre. Aurore lit, s’arrête, vient voir une boucle du film, repart, continue la lecture, parfois les deux se chevauchent, parfois pas. C’est une installation. Dans l’univers de Chantal. C’est une inspiration, profonde, de ce qu’il se passait dans nos deux appartements, l’un au-dessus de l’autre, rue Henri-Chevreau, à Paris, quand je jouais et que Chantal écrivait. Les images se mêlaient aux mots, les mots aux notes.»
Sonia Wieder-Atherton