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Joël Jouanneau nous parle de Ronce-Rose

Il m’est arrivé ce matin-là un petit miracle que je n’attendais plus. C’était un roman. Son titre déjà, à lui seul un bonbon poivré, m’avait saisi : "Ronce-Rose".

 

Le livre était sans exergue et ce n’était pas un oubli de l’auteur, non, simplement il avait opté, pour amorce, ces mots déconcertants : C’est beau, moi je trouve ça beau, les choses qu’on voit, ce qu’il y a partout, c’est beau, et son premier paragraphe (3 virgules et 3 points plus loin, dont 1 d’exclamation) s’achevait ainsi : Vous avez déjà regardé une chaise ? Là j’ai su qu’Éric Chevillard s’adressait à moi, de fait oui je n’avais jamais su m’attarder sur cet étrange quadrupède de bois et de paille sur lequel j’aime à m’asseoir quand je lis. Ce matin-là cependant je ne me suis pas levé pour autant, et pas même après avoir dévoré la 140ème et dernière page, celle où Ronce-Rose comprend que Mâchefer ne va plus tarder à rentrer et que ce qu’elle a de mieux à faire, c’est de l’attendre chez elle, de l’attendre sur sa chaise et sans bouger. J’ai donc fait comme elle, un long moment, afin de me remettre de cette lecture en apnée où tout avait basculé en moi, et ne me suis levé qu’après avoir pris cette décision de donner à entendre et à voir l’odyssée de cette gamine qui a pour nom Ronce-Rose, et attend depuis trois jours le retour de son possible et probable père : Mâchefer.

Joël Jouanneau